Le Pouvoir du Sacré
Du 1 au 31 octobre 2024
L’exposition « Le Pouvoir du Sacré » explore la relation profonde entre le sacré et la nature à travers les œuvres d’Antonio Jara et Jackson KS, qui fusionnent mythes ancestraux, symbolisme animalier et matériaux naturels, interrogeant ainsi l’équilibre entre l’ l’homme, la nature et la culture
1 place du Lavoir
Fourqueux
78112 Saint-Germain-en-Laye
Inauguration de l’exposition
en présence des artistes
Samedi 5 octobre 2024
15h00-17h00
Cécile Coutant a le plaisir d’accueillir deux artistes Péruviens Jackson KS et Antonio Jara pour leur exposition collective « Le pouvoir du Sacré » à la galerie de l’Atelier Pièce Unique.
Introduction de Joséfa Nolte, directrice du patrimoine culturel au Pérou
Le mythe est l’histoire de ce qui s’est passé au commencement du temps, le récit de ce que les dieux ou les êtres divins ont fait à l’origine. Il parle de réalités, de ce qui s’est pleinement manifesté. Il s’agit de réalités sacrées, car le sacré est ce qui est réel par excellence. Tout ce que les dieux ou les ancêtres ont fait, c’est-à-dire tout ce que les mythes rapportent de leur activité créatrice, appartient à la sphère du sacré et, par conséquent, sert de modèle pour toutes les autres activités, qu’il s’agisse d’amour, de guerre, de pêche, de faire tomber la pluie, ou de toute autre chose… aucun dieu, aucun héros civilisateur n’a jamais révélé un acte profane.
Pour les hommes et les femmes qui vivent encore en harmonie avec la nature, le sacré et le profane coexistent et s’alternent constamment. La présence des mythes dans leur quotidien se manifeste à travers la littérature orale, ainsi que dans les arts plastiques traditionnels, notamment dans les fêtes. Ils recréent la matérialité de leurs ancêtres dans les ornements ou les iconographies dont ils parent leurs corps, mais aussi dans les activités quotidiennes, comme lorsqu’ils vont chercher de l’argile ou lorsqu’ils partent à la chasse et accomplissent des rites propitiatoires pour que leur activité soit positive. Une autre démonstration du lien étroit entre la nature et les mythes est l’utilisation de parties des animaux chassés dans les ornements personnels comme les plumes du toucan et du paujil dans les boucles d’oreilles et les couronnes des Awajún, des Wampis et des Achuar, ou les plumes de perroquets chez les Zawenos Yanesha ou Ashanika, ou encore celles des aras dans les couronnes des Machinoe Harakbut, des Bora, des Murui, des Yagua et des Tikuna, qui symbolisent le pouvoir. Ainsi, en plus de consommer la viande, ils utilisent les dents, les peaux, les plumes, les griffes et les becs pour décorer leurs corps et s’approprier les qualités des différents animaux et plantes, se protégeant des prédateurs et des mauvais sorts.
Antonio Jara a fait sienne cette approche du monde et de la nature. L’argile est le langage avec lequel il communique sa vision du monde, la relation primaire des hommes avec la nature et l’échange de rôles entre les uns et les autres. Corps humains à têtes de jaguar ou d’oiseaux, corps et cœurs déchirés par l’éclosion de la vie à travers les plantes et les fleurs, reflètent cette relation entre la flore, la faune et les hommes et femmes comme elle était aux origines. Il récupère la beauté de la nudité des corps pour l’associer aux animaux, la joie de la nature lorsqu’il recrée les baleines chanteuses et les toucans heureux se délectant de la pluie. Le langage d’Antonio est rempli de symbolismes que chacun peut interpréter selon son imaginaire, mais toujours en relation avec la mère nature et la condition humaine. Il intègre également l’utilisation de plumes, de dents et d’épines dans son œuvre, combinant des matériaux qui se forment à la chaleur avec la fragilité de ceux, que la chaleur du feu détruirait, comme une allégorie de l’éphémère et de l’éternel.
Jackson KS, artiste peintre et issu du milieu du graffiti, s’exprime à travers une diversité de langages graphiques et techniques. Renouvelant sans cesse sa pratique artistique, il explore les multiples facettes de la représentation, allant du réalisme au graphisme. Dans cette exposition collective “Le Pouvoir du Sacré”, il a cherché à repenser les représentations à travers une pluralité de formes, faisant dialoguer les matières pour introduire des textures, notamment par l’ajout de bois et de laine tuftée, une rencontre innovatrice qui repousse les frontières traditionnelles de la peinture. En écho à la remise en question de la dichotomie sacré/profane, Jackson KS rend hommage à la nature en invitant les figures animales à envahir l’espace de la galerie, brisant ainsi la frontière entre nature et culture pour redonner leur place aux êtres vivants. À travers ses œuvres, il cherche à rompre avec cette séparation et à rétablir l’équilibre entre l’homme et l’animal, entre le sacré et le profane, entre le monde naturel et le monde culturel.
Le métier de céramiste, tout comme celui de peintre, nécessite une certaine maîtrise des éléments de la nature. Pour le céramiste, il s’agit de l’équilibre entre l’air, le feu, la terre et l’eau, qui se concrétisent dans les objets créés. De même, pour le peintre, il s’agit de la maîtrise des formes, des couleurs et des textures qui se manifestent sur la toile. Que ce soit Antonio Jara ou Jackson KS, les résultats de leur travail ne sont pas toujours ceux qu’ils avaient en tête, car la nature, tout comme la créativité artistique, a sa propre dynamique. Ce dialogue intime entre l’artiste et sa création est au cœur de leur pratique, qu’il s’agisse de l’argile ou de la peinture.
Les pièces qui font partie de l’exposition “Le Pouvoir du Sacré” sont le fruit de la convergence et de l’équilibre, du travail constant, de l’expérimentation, des convictions et de la volonté de communiquer ce que disent les mythes d’origine, ce que crie la nature et ce que réclame la Terre.